La Peur : une émotion méritant une attention particulière

Un aparté biologique pour comprendre le mécanisme de la peur

L’homme est programmé pour la peur! Les structures du système cérébral gérant la peur, l’anxiété, les angoisses et leurs interrelations sont parmi les plus élaborées du fonctionnement cérébral. Pourquoi la nature, Dieu, nos gênes ne nous permettent-ils pas de repérer et de profiter plus facilement de ces instants de bonheurs qui parsèment notre quotidien et à coté desquels nous passons le plus souvent sans pouvoir en saisir toute la richesse?

L’approche évolutionniste mais aussi les recherches les plus récentes effectuées à l’aide de l’imagerie cérébrale permettent d’avancer l’hypothèse très probable que l’un des objectifs premier de notre organisation interne est la préservation de l’individu et par extenso de l’espèce. La peur constitue la clef de voûte de ce grand projet avec pour objectif de nous protéger des dangers réels, supposés ou imaginaires. Plusieurs circuits cérébraux de la peur nous permettent de mobiliser, et parfois de booster, les ressources nécessaires à notre protection.

paysage nocturne peur

Heureusement que nous avons peur !

Vous l’avez compris ! La peur, comme les autres émotions, sont des indicateurs indispensables et très efficaces sur ce qui se passe en nous à un instant donné.

Est ce positif, neutre ou négatif ?

Dans le cas de la peur, une alerte est déclenchée car un danger a été perçu. Notre corps enclenche une série de changements physiologiques pour nous préparer au danger. Notre cerveau ayant peu évolué depuis quelques centaines de milliers d’années, nous continuons de mobiliser notre corps afin de faire face au danger même si la plupart des dangers auxquels nous avons à faire face aujourd’hui ne nécessitent plus, du moins dans nos sociétés, que nous ayons à nous battre, à courir ou bien à ne plus bouger. Ces réactions sont en effet celles que les chercheurs ont identifié comme étant les 3 réponses possibles face à la peur, les fameux 3F – « fight, flight ou freeze ».

Malheureusement le système d’alerte de la peur peut se dérégler

Il arrive en effet lors de certaines expériences que l’émotion puisse nous submerger et nous empêcher d’effectuer un apprentissage adéquate.

Apparait alors une phobie c’est à dire une peur non adaptée à la situation.

Par exemple, suite à une expérience particulièrement effrayante avec un chien qui m’aurait mordu, au lieu d’apprendre qu’il vaut mieux ne pas se précipiter vers tous les chiens dans la rue pour les caresser, une alerte violente se déclenchera à la simple vue d’un chien. Parfois la simple évocation de la pensée du chien peut suffire à déclencher une alerte.

Des alertes inadaptées, plus fortes que nous, peuvent alors s’enclencher lors de situations jugées tout à fait normales par d’autres :

  • peur des autres,
  • peur de sortir,
  • de prendre la voiture,
  • ou plus discrètement peur de se tromper,
  • d’être rejeté,
  • de mal faire
  • ou de décevoir.

Des solutions qui s’avèrent être de fausses solutions à de vrais problèmes

Nous pouvons être forts démunis face à ces émotions qui se déclenchent intempestivement, que tout le monde, nous y compris, peut juger idiotes, stupides mais que nous ne pouvons pas empêcher de survenir malgré tous nos efforts.

Quelle détresse peut être la nôtre ! Quelle solitude et quels effets sur l’image que nous avons de nous même !

Nous ne comprenons pas ce qui nous arrive et devons portant continuer de vivre, d’aller travailler, d’être avec les autres, de sortir, bref vivre .… Nous nous adaptons et mettons en place ce qui nous permet d’éviter la terrible expérience d’être confronté de nouveau à notre peur : éviter. Cette stratégie d’adaptation semble être une voie royale puisque rien n’est plus efficace pour ne pas avoir peur que de ne pas s’exposer à l’objet de notre peur. Cette solution s’avère être malheureusement très négative sur le long terme limitant notre autonomie et surtout accroissant notre peur jusqu’à la rendre extrêmement intense et de plus en plus insurmontable.

peurs

Les différents costumes et objets de nos peurs

La peur comme l’anxiété, forme plus diffuse de peur, peuvent se manifester sous différentes formes que les chercheurs ont voulu ordonner, catégoriser pour mieux les comprendre et mieux les soigner.

Que nous parlions de trouble du sommeil, de TOC, de phobies, d’anxiété généralisée, de burn out ou de bien d’autres troubles non nécessairement catégorisés dans les troubles anxieux, il est rare que la peur ou l’anxiété ne soit pas présente à un niveau plus ou moins évident. Celle ci peut être la peur d’un objet (les chiens, les oiseaux, le sang) ou d’une situation (contact social, prendre l’avion, le conflit) ou même d’une pensée (être nul, décevoir, ne pas se sentit aimer).