A la recherche du bonheur perdu

Qu’entendons nous par bonheur? Est ce plus de plaisir, plus de joie, plus de calme ? Avant que les projecteurs médiatiques ne braquent récemment leur lumière abrasante sur le sujet, le bonheur ou son absence plutôt, ont poussé nombre de patients à franchir la porte d’un « psy ». Il est donc naturel que je rassemble ici ce que ma pratique, mes lectures ont pu généré comme réflexions sur ce sujet…

Le défi de la vie

Voici quelques chiffres éclairant sur la fréquence des troubles (chiffres recueillis auprès de l’institut de Veille Sanitaire, 2007) :

• les troubles de l’humeur (épisodes dépressifs, dysthymie, épisodes maniaques) concernent environ 11 % des hommes et 16 % des femmes.
• les troubles anxieux (anxiété généralisée, agoraphobie, phobie sociale, troubles panique et stress post-traumatique) concernent 17 % des hommes et 25 % des femmes.
• les problèmes d’alcool (dépendance ou consommation abusive) sont observés chez 7 % des hommes et 1,5 % des femmes.
• les problèmes de drogues concernent 4 % des hommes et 1 % des femmes.

Etre au monde relève d’une démarche éminemment active qui ne va pas de soi.
En premier lieu, nous sommes mis au monde! Etymologiquement, notre mère nous fait entrer dans le monde, ce qui ne sous-entend pas que nous sachions être au monde.
Etre au monde passe par une confrontation avec la réalité qui peut s’avérer être une expérience plus ou moins douloureuse selon la résistance que nous y opposons : le nouveau-née appelle sa mère qui tarde à le nourrir, le jeune enfant apprend l’existence des autres et de leur désir qui vient s’opposer au sien, l’adolescent, aux portes du monde des adultes, se rebelle contre ses modalités de fonctionnement ,  etc.. Peu à peu les expériences que nous vivons viennent limiter notre toute puissance et entamer notre égocentrisme. Pour certains, il y aura accommodation et acceptation pour d’autres il y aura prise de conscience de cette réalité qui persiste à ne pas rentrer dans le moule de leur volonté, ils se découvriront maillon d’une chaîne alors qu’ils se croyaient libres ou toucheront du doigt l’imbrication des liens qui les relient aux autres, à leur histoire, à leurs croyances; spirituellement, ils pourront sentir, presque ressentir leur appartenance à la communauté humaine, partager ses souffrances ainsi que son destin. Les représentations religieuses sont à cet égard sublimes d’enseignements sur les frayeurs et les aspirations de l’homme, mais ceci relève d’un autre sujet.
Ainsi notre savoir-être au monde se forge à partir de notre savoir-faire acquis au fil de la vie. Etre au monde relève donc d’un long apprentissage… Lorsque ce savoir-être au monde devient source de trop de souffrance, c’est que le temps de changer est venu..

Quelques obstacles propres à notre époque

La fréquence des conférences, des livres ou des articles sur le bonheur en ce début de XXIs peut être vue, après les errements du XXs qualifié d’Age des Extrêmes par le grand historien Eric Hobsbawm, comme un retour à la question essentielle de la recherche du bonheur. Que de personnes abîmées, voire disparues à suivre fausses routes, à écouter le chant des sirènes du plus d’argent, plus de jeunesse, plus de perfection! Obtenir tous ces « plus » est devenu un objectif comme de se débarrasser de tous ces « moins ». A l’image de notre société, certains finissent par avoir une vision marchande des qualités humaines et à croire que leur personnalité comme leur corps est modelable à volonté. Ils aspirent à devenir autrement et détestent être comme ils sont.